La Schlitte qu’est-ce que c’est ?
Dans les forêts de l’Est, autrefois, les hommes exploitaient des terrains pentus. Ils avaient donc besoin pour transporter le bois d’un outil parfaitement adapté à cet usage. C’est alors qu’ils inventèrent la Schlitte.
Il s’agit donc d’une grosse luge, dotée de grands patins remontants, à l’avant.
Son nom provient directement de l’allemand « schlitten » et signifie « traîneau », logique !
La schlitte est encore appelée « zlitte » ou « hhlite » (bon courage pour la prononciation exacte de ce dernier !) dans certains dialectes.
La Schlitte, caractéristiques.
Les schlittes ont toujours été réalisées en hêtre ou en frêne afin de leur conférer une armature légère et assez souple.
Elle pèse entre 25 et 30kg, vides ! Car chargées, elles peuvent peser jusqu’à 3 tonnes ! Et une dernière information incroyable une grande schlitte mesure au moins la taille d’un homme !
La « chèvre » est le nom que l’on donne à la partie avant de la schlitte. L’arrière appelé aussi « fin de traîne » se nomme le « bouc ».
Il est important de noter que le « bouc » est une partie stratégique, car correctement chargée, elle surélève l’avant et la faisait glisser sur ses patins.
Certaines schlittes étaient conçues en deux ou trois parties pour transporter des grumes de 10 à 13 mètres, plusieurs poteaux ficelés, par exemple. Dans ce cas, ils étaient deux à retenir la charge : un à la chèvre, l’autre au bouc.
Et celui qui « contrôle » la schlitte ?
Le schlitteur, l’homme aux « commandes » de la schlitte, descendait sur des chemins de traverse aménagés appelés chemins de schlittage ou chemins de raftons. Ils étaient recouverts de sortes de rails en rondins de bois, enfoncés dans le sol, facilitant la glisse de la schlitte. Beaucoup sont encore visibles au début du XXème siècle.
Pour les descentes, la schlitte était toujours chargée de rondins de bois.
On reconnaissait les schlitteurs forestiers grâce à leur bonnet et leur longue pipe. Le métier de schlitteur était à la fois dangereux et fatiguant. Il existe de nombreuses photographies du schlitteur retenant sa grosse luge caractérisant ainsi cet éprouvant métier.
L’homme adossé à sa schlitte s’accrochait aux patins. Il devait contrôler la vitesse du traîneau en bloquant ses pieds sur les rails de bois au sol, tout en retenant la lourde schlitte ce qui était le plus difficile à faire dans les pentes vertigineuses.
Beaucoup y ont laissé leur vie. Il y eut un grand nombre d’accidents et de nombreux schlitteurs sont morts écrasés sous le poids de leur traîneau. D’ailleurs, l’expression populaire des Vosges: « La schlitte tue l’homme en montant et l’achève en descendant » témoigne du caractère harassant de cette tâche.
Les bûcherons et les schlitteurs montaient ensembles sur les lieux de travail. Les schlitteurs portaient leur schlitte, les arquebouts de devant dans les mains et les épaules supportant le premier plat ou barreau. Le dispositif de support est plaqué dans le dos, à l’envers.
La Schlitte domestique
Notons qu’autrefois en montagne, chaque maison possédait une gamme de schlittes en bois. Elles étaient confectionnées et réparées à la maison.
Été comme hiver, sur les prés fragiles, les chemins de terre étroits ou les versants pentus, la grande schlitte, sur laquelle on plaçait différents supports en bois adaptables, permettait de faire glisser d’autres charges, telles que des cendriers de fourrages, des charges de terre, de fumier, de menu bois ou tout autre grosse charge.
Les schlittes de taille moyenne, parfois constituées aussi en deux parties, pouvaient servir de traîneau, afin qu’un homme ou un animal, en général un chien, si la charge était faible, puisse tirer une charge sur un parcours boueux, enneigé ou verglacé.
Enfin, elle était également utilisée, en hiver, pour transporter, les morts aux cérémonies d’enterrement.
Une utilisation plus heureuse et ludique : les petites schlittes permettaient aux enfants et aux adultes de dévaler rapidement les pentes verglacées !
Si vous passez en Alsace, allez voir le musée de la Schlitte et des métiers du bois à Mulbach sur Munster :
La vallée de Munster honore les anciens schlitteurs et leur dur labeur pour transporter grumes et bois de feu. Le schlittage, une pratique encore courante dans les Vosges au siècle dernier et aujourd’hui disparue, revit grâce au travail des bénévoles du musée de la schlitte.
Créé en 1973 et rénové en 1997, ce musée expose aussi naturellement tout ce qui a trait aux essences de bois, au bûcheronnage et au travail du bois, un patrimoine artisanal des anciennes générations qui est ainsi sauvegardé.
Vidéo de la schlitte